Je suis allée chez elle le lendemain matin. Sa maison était calme, un peu poussiéreuse, remplie de photos et d’une douce douleur persistante. Je n’ai pas insisté. Je lui ai lavé les cheveux et séché au sèche-cheveux, j’ai réchauffé sa peau avec de la crème, j’ai refait ses cils.
Elle s’est regardée dans le miroir et a murmuré : « J’avais oublié à quoi je ressemblais. »
Nous avons pleuré. Puis nous avons ri de l’absurdité de pleurer à cause du mascara.
C’était le début. J’ai lancé une Journée mondiale du don mensuel : des services gratuits pour les personnes âgées, les parents isolés, tous ceux dont le budget le laissait à désirer, mais dont l’esprit le dictait. Je n’en ai rien dit. La nouvelle s’est répandue.
Un homme de 78 ans m’a demandé de lui tailler la barbe pour son premier rendez-vous depuis dix ans.
Une mère de trois enfants s’est enfin fait couper les cheveux.
Une adolescente d’un foyer d’accueil a eu droit à des cils de bal de promo qu’elle pouvait faire onduler au monde entier.
Chacun d’entre eux a laissé quelque chose derrière lui : de la gratitude, de la confiance, un rappel de regarder les gens dans les yeux et de les voir vraiment.
Un an après la nomination de Mirela, une épaisse enveloppe arriva. Sans adresse de retour. Son écriture se répandait sur la page.
On m’a diagnostiqué un cancer il y a deux ans. Le jour du mariage de mon fils, je ne savais pas si je vivrais assez longtemps pour le voir se marier. Tu ne m’as pas seulement rendue belle, tu m’as fait sentir vivante. J’ai porté ce sentiment dans chacun de mes traitements. La semaine dernière, mon médecin a prononcé le mot « rémission ». Ma famille dit que c’est grâce à la force de mes gènes. Je pense que c’est parce que ce jour-là, tu m’as rappelé que j’étais importante. Tu n’as pas voulu prendre mes douze dollars, mais tu m’as donné quelque chose que je n’aurais pas pu me payer en mille vies.
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