Vendredi matin, jour du mariage, je suis arrivé à la mairie bien avant l’heure. Ma fille était radieuse dans sa robe, mais je pouvais voir dans ses yeux cette certitude naïve. Juste avant la cérémonie, je lui ai demandé de me suivre dehors quelques minutes. Elle a refusé, mais je lui ai glissé discrètement mon téléphone dans les mains :
— « Écoute ça. »
Elle a d’abord voulu me rendre l’appareil, agacée… puis les premières phrases de l’enregistrement sont sorties des haut-parleurs. Je l’ai vue se figer, son sourire disparaître, ses yeux se remplir de larmes.
Elle a jeté un coup d’œil à l’intérieur, là où l’homme attendait, impassible, et a murmuré :
— « C’était donc vrai… »
Sans un mot, elle a tourné les talons et est sortie de la mairie. Le “fiancé” a tenté de la rattraper, mais deux policiers — prévenus par mon ami — sont intervenus et l’ont arrêté sur-le-champ pour tentative d’escroquerie et abus de faiblesse.
Ce jour-là, ma fille a compris que l’amour aveugle peut être aussi dangereux qu’un piège. Et moi, j’ai appris qu’il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de quelques mots entendus au bon moment derrière une porte fermée.