Ce soir-là, ma sœur et moi avons partagé le dernier morceau de pain de la maison. Nous n’avions pas de beurre, mais nous avons fait comme si tout allait bien. Nous y étions habituées. Mais ce jour-là, quelque chose a changé en moi. J’ai commencé à remarquer davantage de choses : les repas que ma mère sautait, le ruban adhésif qui maintenait ses chaussures ensemble.
Les mois qui ont suivi ont été très durs. Ma mère a travaillé à temps partiel : elle faisait le ménage dans des chambres d’hôtel et travaillait dans un entrepôt. Elle rentrait à la maison avec une odeur d’eau de Javel et d’épuisement. Ma sœur, qui n’avait que onze ans, savait déjà cuisiner du riz et faire la lessive. Nous n’avons jamais parlé de notre situation financière précaire ; nous comprenions simplement.
Puis, ma mère a reçu un appel téléphonique d’une femme nommée Mireya. Elle créait un groupe communautaire pour parents célibataires et avait entendu parler de ma mère par Mme Danika. Au début, ma mère ne voulait pas y aller. Mais la voix chaleureuse et bienveillante de Mireya l’a convaincue.
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